Voyages, Images, Paysages

De très belles compositions abstraites en pleine page.

L’artiste semble utiliser une très grande palette de techniques pour parvenir à la création d’une matière plastique singulière et en évolution : aquarelle, peinture, pastels, craies, grattage, collage, craquelures, insertion de matériaux, procédés chimiques de décomposition des substances. Mais en fait, il n’en est rien ! L’art se trouve ici ailleurs, dans l’œil du photographe qui nous révèle la beauté de ces paysages.

Non pas « maître et possesseur de la nature » mais complice et chorégraphe.

Derrière les paysages se dissimulent souvent la main de l’être humain qui les a façonnés à travers les broderies de l’Histoire. Dans le Land art cette transformation est assumée dans un geste créateur où la nature devient la matière d’une métamorphose et la morphogenèse d’une signification propre à notre civilisation contemporaine. Manipulation discrète, souillure, jeux de cache-cache, intervention surréaliste, fantasmagories lumineuses ou poétiques, toutes les prestidigitations de ces artistes du naturel sont convoquées dans cet ouvrage.

Un chef d’œuvre du big bang.

Il existe sur terre des territoires dont la beauté semble être le chef-d’œuvre de toutes les possibilités que s’est offert l’univers pour faire naître et travailler la matière. L’Islande est l'une de ces créations parfaites et ce magnifique ouvrage de photographies vous entraînera à la découverte de la variété des paysages époustouflants de cette île, entre aurores boréales, mer calme recouverte de glaciers, prairies verdoyantes gorgées de chutes d’eau, granit acéré, sols lunaires infertiles et masses infranchissables de glaise liquéfiée. Un paysage encore travaillé par le magma et qui semble nous rappeler l’histoire de l’écorce terrestre.

Ô nimbes magiques et lueurs mystérieuses !

Qu’ils soient d’origine terrestre, spatiale ou humaine, qu’ils émanent de la flore, de la faune, de la nature ou de la technique, les halos de Rinko Kawauchi dégagent une force envoûtante et nous appellent au-delà de l’être-matière. Leur aura poétique nous berce de douceur et nous invite à la contemplation. A défaut de pouvoir traverser ces évanescentes traces de lumière, ils nous invitent à parcourir et à voir le monde autrement, à la recherche de paysages, desquels émergeront d’identiques auréoles de poudroiement astral.

La terre agonise avec un bruit sec et étouffé de sel qui gémit (extrait de Le désert de Pablo Neruda)

Entre l'océan Atlantique et les sommets andins, se trouve le désert le plus sec du monde, dont certains sols n’ont pas connu de pluie depuis plusieurs décennies. Loin des activités minières qui menacent cet écosystème unique au monde ou des technologies futuristes des nombreux observatoires qui le peuplent, cet ouvrage est une fenêtre sur l’Atacama. Une montagne aux paysages brûlés par des siècles de rayonnement solaire, creusée, sillonnée, desséchée et façonnée par l’aridité.

Des paysages venus de l'espace.

Il y a plusieurs manières de lire cet ouvrage. La première est didactique, en suivant la structure du livre, très distinctement divisé en chapitres qui permettent de découvrir l’impact des activités humaines sur la Planète bleue, le règne de l’anthropocène. La deuxième est esthétique et nous entraîne dans une poétique d’un monde où les vallées sont sillons, les fleuves veines, l’urbanisation mosaïque répétitive de motifs décoratifs et l’agriculture abstraction géométrique. La troisième est artistique, nous plongeant dans une explosion de couleurs, de formes et de substances avec laquelle nous formons un tout.