La danse dans la salle Ovale

Ce magnifique ouvrage qui se compose uniquement de photographies en pleine page est un objet artistique en soi que l’on ne peut s’empêcher de feuilleter. La beauté des corps des danseurs et des danseuses s’expriment à travers des poses et des chorégraphies originales et variées qui se fondent dans la beauté plastique des décors, des compositions et des matières. Un mariage réussi entre ces deux arts visuels que sont la photographie et la danse.

Si cette enquête sociologique ne propose pas d’iconographie, elle se lit néanmoins très aisément et rapidement. La langue de l’auteur est simple et agréable, la composition de l’ouvrage est soignée et aérée, les quelques tableaux et graphiques sont immédiatement compréhensibles par les non spécialistes. Les chapitres sont bien délimités et peuvent se lire de manière autonome et les citations des protagonistes sont nombreuses. Un ouvrage idéal pour pénétrer dans le monde de la danse professionnelle.

Les photographies des danses se succèdent par lieux et par dates comme autant de ballets urbains. Chaque performance est accompagnée d’un court texte explicatif circonstancié et parfois de poésies, de dessins, de photographies nues des lieux ou de montages photographiques artistiques. Une manière originale d’aborder la géographie urbaine et ses rapports avec le corps humain grâce à la danse. Un voyage à travers l’altérité, la matérialité et les formes.

Les coulisses de l'Opéra Garnier se dévoilent dans ce grand album, à la suite d'une petite élève danseuse qui devient le Pygmalion d'un pantin dont elle découvre la tête dans une boîte. Visage concentré ou souriant de l'enfant, attitudes techniquement parfaites des danseurs, décors majestueux se retrouvent dans l'illustration, émaillée comme à l'accoutumée de références picturales ou culturelles. Elles restituent superbement le cadre unique de cette histoire improbable. Le pantin raconte, d'abord dans une langue fragmentée, puis, au fur et à mesure que son corps se reconstitue, son discours s'enrichit pour évoquer ses liens avec l'enfant puis son histoire de danseur virtuose, que la dernière image fait revivre dans une apothéose finale. (publié par Catherine Bessi dans La Revue des livres pour enfants)

Voici une bande dessinée très originale proposée dans un petit format à l’italienne. Le graphisme simple, unifié, évolutif et poétique se déploie en un dessin sur chaque page. Le texte concis est retranscrit soit en regard du dessin soit au verso. L’ensemble se présente comme un dialogue à plusieurs voix entre l’autrice, les danseurs, le chorégraphe et les lecteurs. Une lecture plaisir qui donne l’envie de se glisser au milieu de ces pages pour y faire apparaître et disparaître son corps.

Ce roman graphique propose plusieurs des thématiques chères à Bastien Vivès comme celle du corps féminin, de l’initiation à la vie et des émois adolescents. Mais dans cet ouvrage émouvant, la place du corps de la femme et son émancipation sont interrogées à travers l’antagonisme entre les ambitions artistiques d’une danseuse, les contraintes et les pressions qu’elle subit et son besoin de se construire une individualité. Le graphisme en trichromie est simple et dépouillé et se présente le plus souvent en un clair-obscur noir et blanc sur fond gris ce qui rend le dessin presque évanescent. Une évanescence qui semble s’opposer à l’affirmation progressive de Polina pendant les vingt ans de son apprentissage.