Le monde en photos et sans clichés !

Des photos en grand format pour survoler la terre depuis la salle Ovale.

Des paysages façonnés par l’homme, des villes comme des réseaux neuronaux. Une géographie se déploie tels les décors d’un jeu vidéo de fantasy et sa nature aux multiples textures de peau, matières vaporeuses d’une chimie astrale. Nos corps habitent une planète qui se compose de milliers de substances en mouvement.

De très belles compositions abstraites en pleine page.

L’artiste semble utiliser une très grande palette de techniques pour parvenir à la création d’une matière plastique singulière et en évolution : aquarelle, peinture, pastels, craies, grattage, collage, craquelures, insertion de matériaux, procédés chimiques de décomposition des substances. Mais en fait, il n’en est rien ! L’art se trouve ici ailleurs, dans l’œil du photographe qui nous révèle la beauté de ces paysages.

Un ouvrage très original dans sa forme qui mélange la bande dessinée et le roman-photo.

Un exercice de style humoristique qui se lit rapidement, le temps d’une pause détente dans la salle Ovale. Au final, une tentative réussie de remettre au goût du jour une forme populaire du récit en image.

Des photos de villes se succèdent sans mouvement, sans présence humaine,  sans vie animale.

Seuls quelques détails déchiffrables seulement par des spécialistes - feu follets nocturnes, voitures figées sur le bitume telles des ornements, graffitis d’une civilisation disparue - nous rappellent que les villes ne sont pas des êtres naturels qui sortent de terre comme croissent les forêts. Le béton, la pierre, le marbre, les briques, les tuiles, les tôles, le verre, l’asphalte se succèdent, étouffant l’horizon, saturant l’image. Une nouvelle forme de vie semble s’être imposée et peupler la Planète bleue.

Un hommage photographique à la terre et à la vie à travers la succession de photographies  au rendu plastique parfait.

Couleurs chaudes, surexposition, jeux sempiternels du net et du flou, succession de gros plans et de vues d’ensemble, travail sur le mouvement et l’instant figé. Toute une palette de filtres artistiques qui transforment l’écorce terrestre en un être doté de vie, la faune en fleurs ou en roches et la flore en faune. Tout ce peuple semble sorti comme par magie du cœur de notre planète. Un ouvrage qu’on ne se lasse pas de feuilleter. Un médium pour retrouver la force et la puissance de la matière faite monde.

Pas de cicatrices sociales, pas de déserts culturels, pas de périphéries en déshérence.

La France de Raymond Depardon est un paysage apaisé où se succèdent villes et villages, paysages grandioses ou fossiles rouillés d’une activité disparue, plages bondées et maisons Phénix. Une vision humaniste où la présence humaine justifie à elle seule sa présence photographique. Une société égalitaire au sein de laquelle chaque espace habité est avant tout présence, hasard et nécessité.