Oser s’affirmer : quand la bande dessinée parle d’émancipation féminine

Une fable écoféministe réjouissante

Dans une société post-apocalyptique où les hommes ont disparu, on suit avec jubilation une communauté de femmes bien décidées à se battre pour la survie de l’humanité. Sous couvert d’humour absurde, d’auto-dérision, de réflexions philosophiques ou confidences entre femmes, l’autrice soulève des sujets importants comme le poids des normes sociales, l’anxiété, les stéréotypes liés à la beauté …Ces femmes sont attachantes jusque dans leurs contradictions. Le trait minimal, très expressif, permet d’aborder les sujets les plus triviaux de manière décomplexée et efficace.

Quand la musique permet d’être libre et de se sentir vivante

Nawel, d’origine algérienne, vit dans une famille aimante mais que le poids des traditions l’étouffe. La religion, la culture dans lesquelles elle grandit l’oppressent et la musique sera pour elle une véritable libération même si elle en paiera le prix. Cette bande dessinée aborde plusieurs thématiques, la banlieue et le déterminisme social, la trahison, la santé mentale, la sensation de ne pas être à sa place… Nawel est touchante, le récit poignant. Le trait précis et expressif de Claire Fauvel ainsi que les couleurs chaudes de l’album accompagnent parfaitement le processus de création artistique de Nawel, processus intiment lié à sa rage de vivre.

Brindille …. Ne vous fiez surtout pas à son surnom !

Pavlina grandit dans une famille de machos. Les tâches ménagères se jouent à la lutte ou au bras de fer, autant dire que notre héroïne, surnommée Brindille en raison de sa petite taille, est la bonne à tout faire de la maison. Elle décide donc d’abandonner le piano et de pratiquer la boxe. Au fil des semaines et des entraînements, la tendance va s’inverser et ses frères vont connaître les joies des corvées ménagères. Brindille prouve que l’émancipation n’est pas une question d’âge mais une question de détermination, de persévérance. L’auteur aborde avec beaucoup de tendresse le thème du sexisme et les stéréotypes de genre. Les illustrations pleine page sont somptueuses et son travail sur les lettrines est remarquable.
Un album incontournable !

Le roman graphique qui plaque au sol tous les préjugés

Malou étouffe entre un compagnon possessif, une mère intrusive, des collègues antipathiques. Avec le rugby elle va apprendre la solidarité, l’estime de soi, la bienveillance et arrêter d’être ce que l’on attend d’elle. Avec beaucoup d’humour, l’autrice souligne les injustices, les stéréotypes dont la société a dû mal à se défaire, notamment l’idée que la femme est vouée à la procréation, ou bien que la femme, si douce et fragile, ne peut exercer un sport violent. Comme le titre l’indique « Protocole commotion », Malou encaisse les coups, et les bleus à l’âme et au corps, mais le rugby sera le catalyseur de son émancipation.
Si les personnages peuvent apparaître parfois caricaturaux, ça n’enlève en rien le plaisir de la lecture et le dessin tout en rondeur, simple et efficace de Mademoiselle Caroline transforme ce roman graphique en essai réussi.

Soixante ans, un déclic, un renouveau…

Le jour de ses soixante ans, Josy décide de partir, de laisser son rôle d’épouse, mère, grand-mère derrière elle. Elle veut démarrer une nouvelle vie, vivre pour elle, être libre. Elle fait face à l’incompréhension de ses proches, mais rencontrera des personnes qui donneront du sens à sa vie.
Les autrices abordent avec un regard tendre et émouvant, des sujets rarement traités : le divorce après 60 ans, la découverte d’une autre sexualité possible, la possibilité de tout plaquer du jour au lendemain…
Les émotions vécues par Josy montrent à quel point elle est vivante, à quel point elle a raison de ne pas s’être résignée à faire semblant. Un roman graphique d’une belle qualité.