Darius Milhaud et son monde

La musique classique à hauteur d'enfant.

On ne compte plus les nombreux titres de cette collection qui consacre celui-ci à Francis Poulenc dont l'itinéraire est retracé de façon très vivante ! Sa vie (à deux ans, il avait déjà un piano à sa taille) c'était la musique : sont évoqués les multiples influences qui l'ont inspiré dans son travail de compositeur, ses mentors, ses amis (dont Auric et Satie), le groupe des Six* qui a permis un vrai partage créatif. L'accent est mis sur la mise en musique de l'album L'Histoire de Babar à la demande d'une petite cousine. Foisonnement et diversité des oeuvres (dont des compositions religieuses et des ballets) sont le reflet du parcours passionnant d'un des grands compositeurs du XXe siècle : une incitation à écouter ses oeuvres. (par Catherine Thouvenin, publié dans La Revue des livres pour enfants)

*avec notamment Darius Milhaud

Quand la musique classique se fait politique.

Ce n’est qu’à partir des années 1990 que la musique classique pendant le gouvernement collaborationniste de Vichy et l’occupation allemande va devenir un objet d’études universitaires en France. Dans cet ouvrage très complet sur l’activité musicale à Paris pendant cette période, seront abordés, à travers de nombreux chapitres thématiques, l’organisation des concerts, les compositeurs contemporains, les œuvres jouées, les interprètes, les musicologues et les critiques. La musique n’est pas un art hors du temps et même s'il fut moins stigmatisé que celui des écrivains, le monde musical parisien connut de nombreux collaborateurs. À noter, le chapitre consacré aux concerts organisés par la Bibliothèque Nationale à partir de 1942.

Jérusalem et son peuple de pierres.

Jean-Michel Berts photographie la lumière des grandes villes du monde grâce à ses photos en noir et blanc, sans personnage, reflets d’aurore et de crépuscule. Il rend ici hommage à la pierre de Jérusalem, avec laquelle est bâtie la Vielle ville : « A la pierre de Jérusalem qui, tout du long de ce livre, m’a inspiré. » Une manière de rappeler que les premiers habitants de cette cité emblématique de l’histoire, des religions et des conflits inter-humains sont millénaires et inorganiques. Seuls les extraits du roman d’Elie Wiesel, Le Mendiant de Jérusalem, insufflent la vie et le passé pour gorger ce calcaire clair de sa richesse universelle. Mais lui aussi, ne peut s’empêcher d’en revenir aux pierres, qui ici fusionnent avec l’Humanité : « les pierres sont des âmes ; c’est elles qui reconstruisent chaque  jour un temple invisible ».

 Darius Milhaud ou du bonheur de naître compositeur.

 Voici un petit ouvrage très complet et qui comporte, outre une très riche iconographie, plusieurs textes inédits. Les différents chapitres aux thématiques variées, comme par exemple, une chronologie détaillée, les mythologies personnelles du musicien ou son amour de la poésie, peuvent se lire indépendamment et sont comme autant de portes d’entrées dans l’univers de ce compositeur. Un univers dans lequel prime l’amour de la musique avant tout : « Je n’ai pas d’esthétique, de philosophie, de théorie. J’aime écrire de la musique ». Mais s’il aimait composer, il fut aussi un grand passeur de musique, non seulement en tant que point central des échanges du macrocosme musical de cette époque, mais aussi comme pionnier de l’éducation musicale populaire « où il y a tant à faire, tout à faire dans notre pays ». 

Le fils des étoiles qui composa Sonnerie pour réveiller le bon gros roi des singes.

Six chapitres, six narrateurs, six styles graphiques et un seul auteur pour une biographie de cet ami de Darius Milhauden bande dessinée très complète et d’une très grande originalité. Les mots limpides, nous content, sous toutes les formes possibles, la vie d’Erik Satie, tandis que les dessins, variés et expressifs, pourraient se lire comme une bande dessinée muette. Une symphonie dessinée pour pénétrer dans les différents mouvements de la vie de celui qui fut cancre pendant son enfance, marginal toute sa vie, génie pour certains, inconsistant pour d'autres et dégénéré pour les nationalistes de droite, surréaliste et dadaïste, alcoolique et anachorète, irrévérencieux dans tous les cas, jusqu’à dire, lui qui consacra sa vie à la musique : «J’emmerde l’art, je lui dois trop de rasoireries ! C’est un métier de con que celui d’artiste ! »