Les ders des ders : histoires de poilus en bande dessinée
Sélection par Les bibliothécaires- BnF
, André Maginot, alors ministre de la Guerre allume pour la première fois la flamme sur la tombe du soldat inconnu. Ce geste sera perpétré tous les 11 novembre par les chefs d’état français afin d’indiquer que le souvenir des soldats disparus sera éternel comme l’est la flamme. La Grande Guerre, avec ses 1 300 000 soldats morts pour la France, marqua à tout jamais les esprits par son horreur, mais aussi par les changements qui s’ensuivirent. Notre vocabulaire lui-même s’est enrichi de mots que l’on utilise toujours aujourd’hui comme barda, bleusaille, tacot, godillot… Fascinés par ces poilus (hommes courageux), qui n’hésitaient pas «à sauter le toboggan» (aller à l’assaut), même si ces ders des ders «avaient les chocottes», les dessinateurs de bandes dessinées leur ont rendu de nombreux hommages dans leurs œuvres, à travers récits et témoignages, dont voici une sélection.
Nos derniers coups de coeur
Bande dessinée
On les aura ! : carnet de guerre d'un poilu
Barroux (1965-....)
Ce roman graphique relate les premières semaines de mobilisation d'un homme durant l'été 1914.
Le Journal véridique d'un soldat
Un jour, en se promenant dans les rues de Paris, Barroux découvre par hasard, dans un carton, un carnet. C'est le journal qu'a tenu un soldat du 3 août au 12 septembre1914. Un peu plus d'un mois qui voit la vie de cet homme totalement bouleversée. On ne saura rien de cet homme, ni son nom, ni son âge, ni quelle était sa vie d'avant. Barroux a repris le récit brut, en y ajoutant seulement des illustrations au crayon, comme des croquis pris sur le vif. Émouvante et terrifiante, cette bande dessinée montre toute la monstruosité de la guerre, sans artifice, avec simplement les mots d'un témoin anonyme.
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Bande dessinée
Notre mère la guerre
Kris (1972-....)
Janvier 1915 en Champagne. Les corps de trois femmes sont retrouvés sur le front, avec sur eux en évidence une lettre d'adieu écrite par leur meurtrier. Le lieutenant de gendarmerie, Roland Vialatte, militant catholique, humaniste et progressiste, mène l'enquête.
Une bande dessinée incontournable sur cette période dramatique.
Cela fait plus de cinq mois que la France est en guerre, quand commence cette histoire. Au milieu des horreurs de la guerre, d'autres horreurs sont commises : le corps de trois femmes sont retrouvés sans vie, non à cause des obus, mais elles ont été bel et bien assassinées. Le lieutenant Vialatte et le commandant Janvier sont chargés d'élucider ces mystères. Leurs soupçons les mènent très vite vers les hommes du caporal Peyrac ... Si cette bande dessinée n'est pas à proprement parler une bande dessinée historique, elle s'apparente cependant aux BD d'archive par la rigueur des détails et du contexte retranscrits par les auteurs. Au-delà de l'enquête policière, c'est une réflexion plus générale sur la guerre qui est proposée.
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Bande dessinée
Black dog : les rêves de Paul Nash
McKean, Dave (1963-....)
Il a peint l'horreur pour s'en défaire. Peintre surréaliste de la première moitié du XXe siècle, Paul Nash a vécu l'atrocité des tranchées de la Première guerre mondiale. Les cicatrices de cette épreuve ont marqué son œuvre à tout jamais. Auteur de bande dessinée, Dave McKean décide de lui rendre hommage à travers cette biographie fantasmée. Entre réalité et illusion, il explore la fièvre créatrice de l'artiste en se projetant dans ses rêves, hantés par l'image perpétuelle d'un chien noir. Ni malveillant, ni bénin, ce spectre agit comme un présage, un messager, un ennemi... puis un ami. Grâce à la puissance d'évocation de son dessin, McKean parvient à transmettre, à l'image de l'œuvre du peintre qu'il raconte, les effets dévastateurs et les traumatismes profonds légués par la guerre. Il nous offre une plongée cathartique dans les replis de l'âme déchirante d'un artiste déchiré. Conçue à l'origine comme un projet multimédia en lien avec les commémoration de la Grande Guerre, cette œuvre majeure est indispensable dans la (re)lecture actuelle des évènements de 14/18.
La biographie entre réalisme et illusion d'un peintre-soldat britannique
Le jeune Paul Nash, peintre un peu obscur (il n'a fait que deux expositions en 1912 et 1914) est envoyé sur le front au printemps 1917. Il est cantonné sur le saillant d'Ypres en Belgique, l'un des lieux les plus sanglants pour l'armée britannique. Resté en réserve, il en rapportera des dessins et aquarelles de paysages qui surprennent par leur calme et leur poésie. Ce n'est qu'en 1918, en tant que peintre officiel de l'armée britannique, qu'il peindra l'horreur de la guerre, utilisant la peinture à l'huile sur des toiles monumentales. Voulant rendre hommage à Paul Nash, Dave McKean a voulu retranscrire la vie fantasmée de cet artiste à la puissance créatrice exacerbée par le conflit. D'accès pas toujours facile, cette bande dessinée évoque bien les traumatismes et les blessures des soldats.
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Bande dessinée
La petite fille qui voulait voir la guerre
Le Naour, Jean-Yves (1972-....)
Un soldat qui meurt au front, c'est une famille dévastée à l'arrière.Clémence a 10 ans et vit à Charnay-Lès-Mâcon. Elle doit présenter un exposé à sa classe, mais n'a aucune idée de ce dont elle peut parler. En passant devant le monument aux morts, elle remarque son nom de famille. Elle a donc un ancêtre qui est mort pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Le voilà son sujet d'exposé ! En cherchant dans le grenier de ses grands-parents, mais aussi dans les archives départementales, Clémence va faire connaissance avec son aïeul et découvrir une autre histoire de la Grande Guerre, celle que l'on ne voit jamais : celle de l'arrière, loin des tranchées.
Un poilu à la guerre, c'est une société qui change.
Quand Clémence voit le nom d'un de ses ancêtres sur le monument aux morts de sa commune, elle décide d'en savoir plus sur cet homme. Elle apprendra vite qu'il s'agit de son arrière-arrière-grand-père, disparu au front en 1914. Poursuivant ses recherches, elle trouve des lettres écrites par la fille du soldat et découvre ce qu'était la vie à l'arrière. A travers son histoire familiale, c'est l'histoire de France que découvre la jeune héroïne. De facture plutôt classique, cette bande dessinée aborde un autre aspect de la Grande Guerre : la vie des civils sans les hommes. On y voit les changements de la société, et si les combats et la vie dans les tranchées ne sont jamais montrés, c'est tout le poids de la guerre qui pèse sur les femmes et les vieillards qui tentent de survivre du mieux qu'ils peuvent sans leurs fils ou leurs époux.
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Bande dessinée
Le roi cassé
Dumontheuil, Nicolas (1967-....)
A la fin de la Première Guerre mondiale le soldat Virjusse, un déserteur attendant à l'abri l'armistice, tue un soldat ennemi et saute sur une mine. Reprenant ses esprits il découvre qu'il est le dernier mort du conflit. La mort, écoeurée par le nombre des victimes faites par la guerre, lui propose de remonter 9 mois en arrière pour modifier l'histoire et épargner des vies...
Et si le dernier mort n'était pas mort ?
11 novembre 1918, l'armistice sera signé à 11 heures. Là, il est 9 heures, et le soldat Simon Virjusse, planqué depuis quatre ans, exulte ; seulement voilà, deux soldats allemands plus zélés que les autres l'ont repéré et, en voulant se défendre, Simon Virjusse saute sur une mine : il est le dernier mort de cette guerre. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car voici Monsieur Lespinasse, son voisin (si c'est vraiment lui), buvant du thé, en plein milieu du champ de bataille qui lui propose : " ça vous dit de ne plus être mort ? ". Ainsi commence cette fable qui allie absurde et humour pour dénoncer les atrocités de la guerre. Dumontheuil manie le tragique et le comique avec aisance, soutenu par un dessin presqu'enfantin et des dialogues cocasses.
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